La pauvreté touche entre 790 000 et 1,6 million de Québécois·es qui subissent ses effets sur leur santé physique, psychologique et sociale en 2023.
La pauvreté, c’est un père de jumeaux, monoparental depuis peu, qui s’est fait diagnostiquer une dépression l’empêchant de travailler. Il refuse d’annuler l’inscription aux cours de théâtre de ses enfants pour pouvoir payer ses médicaments.
La pauvreté, c’est une cégépienne contrainte d’abandonner sa session parce qu’elle ne peut finalement pas couvrir ses frais de scolarité, son épicerie et son logement sans travailler à temps plein.
La pauvreté, c’est une personne âgée qui se retrouve à la rue par manque de place en CHSLD et par incapacité à payer l’importante augmentation de son loyer.
La pauvreté, ce n’est surtout pas un choix. Face aux crises qui sévissent actuellement, la pauvreté évolue, affectant davantage ceux et celles qui la vivent déjà, et frappant de nouveaux pans de la population.
« Ils ont juste à aller travailler, il cherche du monde partout avec la pénurie de main-d’œuvre. » « Je me suis débrouillé, moi. Pourquoi eux ne le font-ils pas? »
Des commentaires qui simplifient à l’excès des réalités complexes. Se sortir de la pauvreté ne repose pas uniquement sur la volonté d’un individu. Tout ne repose pas que sur le mérite dans la vie.
Recevoir du soutien de notre réseau social, trouver un logement de qualité — voire un logement tout court! —, être une personne immigrante ou handicapée, accéder au programme d’étude de notre choix ou à des soins de santé adaptés… Une foule d’éléments peuvent affecter le parcours d’une vie.
Reconnaître que nous ne partons pas tous et toutes sur la même ligne de départ est crucial pour une société plus juste. Et les sociétés les plus riches sont les moins inégalitaires.
En cette Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté, et à longueur d’année, Centraide est aux premières loges pour constater que les organismes communautaires jouent un rôle essentiel dans le développement de communautés solidaires.
Face à une pauvreté en mutation, leur agilité si appréciée est une fois de plus de mise. La reconnaissance morale ou symbolique de l’action communautaire seule ne suffit plus. Les efforts incessants des organismes communautaires doivent être soutenus financièrement.
Ensemble, nous avons le pouvoir de faire une différence significative. Reconnaître que nous pouvons faire mieux en tant que société est le premier pas vers le changement. C’est inconcevable que le Québec soit devant des crises humaines et sociales aussi importantes alors que nous sommes capables de tellement de grandes choses.
L’ONU a établi que l’objectif premier pour parvenir à un avenir meilleur et plus durable est d’éliminer la pauvreté sous toutes ses formes et partout dans le monde. Je suis du même avis.
Lutter contre la pauvreté n’est ni une vue de l’esprit ni un acte de charité. Éliminer la pauvreté est une nécessité. Nous avons la capacité collective de façonner un avenir plus équitable, où la précarité est histoire du passé. Et c’est la seule façon de devenir tous plus riches, dans tous les aspects du concept.
Si la pauvreté n’est pas un choix, nous sommes tous et toutes responsables de son élimination de nos communautés.
Par la philanthropie et le soutien à Centraide, oui, mais aussi par des politiques publiques audacieuses, par la priorisation de l’augmentation du revenu des 40 % des personnes les moins favorisées telle que proposée dans notre dernier mémoire sur la lutte à la pauvreté*, nous pouvons tous et toutes aspirer à des communautés plus riches et moins inégalitaires.
Détourner le regard voudrait dire laisser la situation se dégrader, et laisser les écarts se creuser entre nous, au détriment de l’ensemble de la société.
Isabelle Genest
Présidente-directrice générale
Centraide Québec, Chaudière-Appalaches et Bas-Saint-Laurent