La santé psychologique et mentale. Un enjeu fondamental, pourtant si souvent négligé, sous-estimé, incompris. À travers ce brouillard de préjugés, de méconnaissance, de malaises et d’amalgames, les organismes communautaires représentent des phares essentiels pour tous ceux et celles qui ont besoin d’accueil, d’ouverture, d’écoute et d’accompagnement. C’était le cas avant la pandémie, ça l’est d’autant plus aujourd’hui.

On n’a pas besoin d’aller bien loin pour constater que ce brouillard existe bel et bien. L’anxiété, la dépression et l’épuisement professionnel sont des enjeux auxquels nous faisons tous face de près ou de loin, et de manière exacerbée depuis le début de la pandémie. Pourtant, ces enjeux sont encore aujourd’hui mal compris et sous-estimés.

Pour ma part, j’ai vécu ce besoin d’ouverture et d’écoute de façon plus personnelle à travers mon oncle, qui vit avec la schizophrénie. On entend le mot, on pense au pire. Mais pour ceux et celles qui vivent avec cette maladie (parce qu’il s’agit bel et bien d’une maladie, alors nommons-le ainsi), et pour tous leurs proches, la réalité est bien plus complexe. Aujourd’hui, mon oncle va bien, et ce, depuis de nombreuses années. Mais malheureusement, ça n’a pas toujours été le cas.

J’aurais souhaité l’aide d’organismes communautaires pour soutenir mon oncle et les membres de notre famille à travers toute cette complexité, afin de comprendre la maladie et de pouvoir accompagner plus adéquatement mon oncle, au-delà des considérations strictement médicales. Ou pour lui offrir un lieu d’appartenance, un milieu de vie. Malheureusement, et comme c’est trop souvent le cas en milieu rural ou éloigné, il n’y avait pas d’organismes communautaires œuvrant en santé mentale à proximité. Ma famille a donc été le seul véritable soutien social pour mon oncle. Heureusement qu’il a eu ce soutien.

Il est donc faux de penser que nous avons tous accès aux mêmes ressources dans le réseau communautaire, peu importe le lieu où nous habitons. Et alors que vient de se terminer la Semaine nationale des proches aidants, je tiens à souligner l’impact que peut avoir le manque de soutien sur la personne malade, évidemment, mais aussi sur son entourage. Un entourage qui fait au mieux, et qui le fait souvent très bien, mais qui est à risque de se fatiguer ou de tomber dans des pièges, dont celui de sacrifier son propre équilibre psychologique pour le bien de son proche, devenu la priorité ultime.

Soyons bienveillants

Tout le monde a besoin d’être entendu, écouté, vu. Tout le monde a besoin d’amour. Malheureusement, tout le monde n’a pas cette chance. Saviez-vous que 8 % des personnes au Québec n’ont aucun ami proche ou connaissance?

Pour cette proportion trop nombreuse de Québécois et Québécoises, les réseaux d’organismes communautaires représentent non seulement un filet social indispensable, ils représentent souvent leur seul filet social. Raison de plus pour ne pas le négliger, pour l’améliorer, pour le développer.

Ces réseaux d’organismes communautaires vont plus loin que d’accueillir les personnes vulnérables, quelles qu’elles soient. Ils les écoutent et les accompagnent sans jugement, avec souvent plus de bienveillance que les personnes qui ont elles-mêmes besoin de soutien.

En effet, la stigmatisation dont sont victimes bon nombre de personnes aux prises avec des déséquilibres psychologiques ou des enjeux de santé mentale s’accompagne souvent d’une autostigmatisation. Pourquoi les gens se jugent-ils entre eux ? Parce qu’on se juge soi-même. Et vice-versa. Il s’agit là d’un des principaux obstacles à l’intervention, au lien social, au mieux-être de chacun et chacune d’entre nous. J’en suis convaincue.

À travers ce brouillard de « ça va aller », « il y a du monde bien pire que moi », « j’ai juste besoin de dormir », je nous rappelle l’importance de demander de l’aide rapidement, de prévenir la détérioration de notre état dès les premiers signaux, de ne pas attendre d’avoir atteint le fond ni même de l’avoir frôlé. Nos réseaux d’organismes communautaires sont là, comme des phares, pour tous ceux et celles qui sont aux prises avec des déséquilibres psychologiques ou des enjeux de santé mentale, entre autres. Ces réseaux d’organismes agissent également tous les jours sur le lien social qui permet de favoriser le bien-être de milliers de personnes.

Et puisque ces questions de santé psychologique et mentale ne sont pas qu’individuelles (elles sont d’ailleurs grandement influencées par des déterminants sociaux reliés notamment au revenu), nous nous devons de renforcer les réseaux d’organismes communautaires qui contribuent quotidiennement au mieux-être des membres de nos communautés.

Tous ces réseaux nous rendent plus forts, plus unis. Ils sont des phares de bienveillance. Et nous ne pouvons pas nous en passer pour traverser le brouillard, quel qu’il soit, sans heurts.