Le double meurtre qui a eu lieu lundi à Sainte-Sophie, dans les Laurentides, et la série d’homicides conjugaux survenus au Québec au cours des dernières semaines nous interpellent profondément, alors que la mission de Centraide vise notamment à lutter contre l’exclusion sociale, dont la violence faite aux femmes.
Soyons clairs, il faut refuser la violence faite aux femmes dans notre société.
Vous comprendrez que l’on ne pourra aborder la question en détail en un seul article, mais on croit tout de même en quelques principes clairs.
Dénoncer les violences
Tout d’abord, pour vivre dans une société sans violence, tout le monde doit se sentir concerné. Oui, les gouvernements doivent agir. Oui, les personnes qui vivent de la violence, ou qui en exercent, doivent aller chercher de l’aide ou un soutien professionnel. Mais au-delà de cela, c’est aussi, pour tout autre individu, de prêter une oreille attentive. Et surtout, de ne pas hésiter à agir, au moindre doute.
Si nous croyons qu’une proche, une collègue, une amie vit de la violence, on peut lui en parler. Ou nous-mêmes consulter une ressource pour nous aider à orienter notre intervention.
Bien que cela arrive dans certains cas, il est rare que la violence reste complètement invisible. Et trop souvent, nous n’osons pas intervenir. Par peur, par tabou, par doute. Mais une société qui refuse la violence faite aux femmes est une société qui en parle et qui la dénonce. Peu importe la forme de violence.
Agir tôt, dès l’enfance
Une société qui refuse la violence, c’est aussi une société qui éduque les enfants, dès leur plus jeune âge, à exprimer leurs émotions autrement que par la violence et à respecter les limites des autres enfants qui les entourent. Non, c’est non! Ce travail appartient aux parents d’abord, et ensuite à tous ceux qui gravitent autour de la vie des enfants : famille, proches, amis, éducateurs.trices, enseignant.e.s, etc. Il ne faut pas négliger l’importance de l’éducation dans le résultat d’une société non violente et égalitaire.
Soutenir les personnes et leurs proches
Pour contrer la violence conjugale, il est aussi essentiel de reconnaître l’importance du filet social qui entoure les victimes ou les personnes à risque. Ainsi, il faut travailler sur les aspects qui sont dans l’ombre de la situation. Il faut aménager des portes de sortie qui favoriseront une cassure du cercle vicieux de la violence envers les femmes, domestique et intime. C’est encore plus vrai dans le contexte de la pandémie qui a exacerbé la précarité et l’isolement social des femmes victimes de violence conjugale.
Qu’est-ce que veut dire « aménager des portes de sortie »? C’est développer de façon accrue les logements sociaux et assurer un revenu qui permet de couvrir les besoins. C’est améliorer l’accès à l’aide alimentaire et aux ressources matérielles. C’est une plus grande accessibilité aux spécialistes (psychologues, travailleurs sociaux, intervenant.es) et aux groupes d’entraide. C’est un meilleur investissement dans les ressources communautaires, qui font une différence majeure dans la vie des victimes et de leurs proches.
Chez Centraide, nous soutenons des organismes qui travaillent très fort à tisser le filet social nécessaire à des communautés fortes qui prennent soin de leur monde. Cela dit, c’est l’effet combiné de ces ressources et de la conscience collective qui permettra réellement de résoudre cet enjeu plus d’actualité que jamais en 2021, fort malheureusement.
Nous souhaitons également spécifier que même s’il s’agit d’une minorité, la violence conjugale auprès des hommes existe également. Et que peu importe le type de violence vécue ou observée, elle se doit d’être dénoncée, sans distinction quant au genre, à l’âge ou à la culture.