Accueil-Maternité: une sentinelle pour les mamans
Bien que la violence conjugale puisse survenir dans tous les milieux, certaines personnes courent un risque plus élevé d’en être victimes. Les femmes enceintes ou celles avec de jeunes enfants font partie de ce groupe et les bénévoles d’Accueil-Maternité en sont bien conscientes.
« On reste alerte aux signes que pourrait exercer un conjoint contrôlant comme des textos ou des téléphones à répétition », explique Hélène Bourdages, membre de l’équipe de coordination de l’organisme.
Au cours des dernières années, cette bénévole et ses collègues ont pu assister à diverses formations qui leur permettent d’être plus alertes face à cette violence qui pourrait être vécue par une partie de leur clientèle. « Il faut toujours y aller doucement lorsqu’on suspecte quelque chose et rester à l’écoute des mamans parce qu’on ne veut pas qu’elles se referment, au contraire. »
La force du nombre
L’isolement social est un facteur aggravant de la violence conjugale : sans réseau, il peut être difficile de quitter la relation toxique. Accueil-Maternité se veut un endroit où les femmes peuvent se déposer, se ressourcer et surtout, socialiser. « L’Accueil sert un peu de courroie de transmission entre plusieurs mamans. Plusieurs sont amies depuis 10-15 ans et cette amitié a débuté grâce à une rencontre ici », explique celle qui a travaillé en périnatalité en fin de carrière, avant de se joindre aux bénévoles d’Accueil-Maternité.
La « copie positive » est aussi une forme d’action que l’équipe d’Accueil-Maternité encourage entre les mères. « Une maman qui a son premier enfant qui discute avec une qui en est à son troisième, c’est certain qu’elles se partagent des questionnements et des trucs. » Mais des discussions sur la vie à la maison peuvent aussi survenir entre elles et peuvent amener la femme violentée à réaliser qu’elle n’est pas dans une saine relation.
Si le cercle social autour d’une victime est primordial, la collaboration de divers organismes du Bas-Saint-Laurent est aussi bénéfique dans l’encadrement de celle-ci. « On ne forcera jamais quelqu’un à se rendre ailleurs que chez nous, mais on va lui proposer de l’accompagner par exemple, si l’on sent qu’elle en aurait besoin », souligne Claudette Caron, également bénévole à Accueil-Maternité et intervenante sociale en milieu scolaire retraitée.
Des organismes comme La Débrouille, une maison d’hébergement pour femmes et enfants victimes de violence conjugale, sont continuellement en contact avec Accueil-Maternité. « Avant la pandémie, des bénévoles de l’Accueil se rendaient [à la Débrouille] pour s’occuper des enfants pendant que les mères consultaient leur avocat ou leur intervenante », rapporte Hélène.
Claudette souhaite également que l’équipe poursuive dans cette lignée collaborative « parce qu’on entend que la violence est plus présente à la suite de la pandémie ».
D’ailleurs, le référencement se fait dans les deux sens entre les organismes. Chez Accueil-Maternité, le don de vêtements de maternité et d’âge 0-3 ans ou d’équipements tels que des chaises hautes se fait aux mères qui en ont besoin.
« Il y a parfois des femmes et leurs enfants qui viennent de l’extérieur de la région et qui ont été dirigés vers La Débrouille pour s’éloigner d’un conjoint violent. Elles arrivent parfois avec uniquement ce qu’elles ont sur le dos. L’Accueil est donc là pour les accompagner dans ce qu’elles vivent », raconte Hélène Bourdages.
Le centre pour nouveaux arrivants Accueil et Intégration Bas-Saint-Laurent fait aussi partie des partenaires d’Accueil-Maternité. Grâce à des cafés-rencontres, les mères d’ici et d’ailleurs apprennent à voir les beaux, et moins beaux, côtés de la maternité à travers les différentes cultures.
Les deux bénévoles l’affirment avec douceur : toutes les mères sont accueillies avec respect et humanité dans les locaux de l’organisme. Quel que soit ce qu’elles vivent, les difficultés rencontrées, l’équipe d’Accueil-Maternité est présente pour partager avec elles. « On n’est pas là pour juger. On reconnait tous les efforts que chacune d’entre elles fait et elles peuvent venir lâcher prise dans la maison de l’Accueil », conclut Claudette Caron.