À la rescousse du père Noël

Il fait le tour du monde une nuit par année et adore les biscuits. Plusieurs l’envient de pouvoir voler dans le ciel avec Rudolphe. Pourtant, derrière ces airs de gamin malcommode, le père Noël vit lui aussi des périodes difficiles. Entrevue avec cette icône de la période des Fêtes.

« En décembre, je reçois des milliards de lettres, mais les 11 autres mois de l’année, ma boîte aux lettres reste vide. Même le téléphone ne sonne pas. C’est dur sur le moral », confie le père Noël.

Celui qui vit en région éloignée fait ainsi partie de ces personnes seules qui ne peuvent compter sur un réseau social fort. Au Québec, plus du quart des aîné·e·s de 75 ans et plus disent ne pouvoir compter sur un ami·e proche ou une connaissance.

Si les lutin·e·s l’invitent fréquemment à participer à leurs soirées festives, le père Noël se doit de refuser la majorité des invitations. « Mère Noël a subi une grosse chute en allant se promener autour de l’atelier il y a deux ans et sa mobilité n’est jamais réellement revenue. » Depuis, il voit sa femme perdre son autonomie de mois en mois, ce qui nécessite une plus grande supervision à la maison pour le père Noël.

Au moins, l’homme à la barbe blanche se réjouit de savoir qu’il est toujours d’une grande utilité au bon déroulement du 25 décembre. « Des milliards d’enfants et de parents comptent sur moi pour terminer l’année dans l’allégresse. »

L’isolement social peut en effet avoir toutes sortes de conséquences sur le bien-être des personnes qui le vivent. Chez ces dernières, et particulièrement chez les aîné·e·s, un sentiment d’inutilité, une perte de l’estime de soi et une dévalorisation peuvent même mener à des idées suicidaires.

Phares dans le brouillard, les organismes communautaires agissent d’une multitude de façons pour diminuer, voire briser complètement, l’isolement des personnes comme le père Noël.

« Depuis quelques mois, une intervenante passe à la maison pour me donner un peu de répit. Parfois, on ne fait que parler parce que c’est ce dont j’ai besoin. Parfois, elle reste à la maison avec mère Noël pendant que je pars en randonnée pendant des heures. Elle m’écoute dans mes besoins. »

Accumulation de difficultés

Comme vous pouvez l’imaginer, l’approvisionnement en nourriture au pôle Nord est ardu depuis toujours pour la famille Noël. Par contre, la difficulté d’accès à des aliments frais n’est pas uniquement une affaire de région nordique.

Au Québec en 2019, 420 000 Québécois·es vivaient dans un désert alimentaire*. Selon l’Institut de santé publique du Québec, « un “désert alimentaire” est un secteur qui procure un faible accès à des commerces pouvant favoriser une saine alimentation et qui est défavorisé sur le plan socio-économique. »

Avec l’inflation, le père Noël a donc fini par se tourner vers les popotes roulantes. « En plus de nous apporter quelques plats cuisinés chaque semaine, les bénévoles participent à enjoliver notre vie sociale. »

Vraiment, le père Noël ne pourrait faire sa tournée sans l’aide précieuse des organismes communautaires tout au long de l’année.

*Accessibilité géographique aux commerces alimentaires au Québec : analyse de situation et perspectives d’interventions (inspq.qc.ca)