Un texte signé Bruno Marchand*,
PDG de Centraide Québec, Chaudière-Appalaches et Bas-Saint-Laurent

On n’était pas préparé à ça. Personne ne l’était réellement.

Collectivement, on a appris sur le tas, à coup de mesures barrières, à coup de points de presse devenus quotidiens, à coup de vagues de contamination, qui ont entraîné avec elles trop des nôtres, malheureusement.

Collectivement, on s’est serré les coudes, on s’est dit « ça va bien aller », on a contribué à l’effort de guerre pour vaincre le virus. La résilience et l’espoir comme principales motivations.

Presque un an plus tard, les « ça va bien aller » ont quitté depuis longtemps. Et les arc-en-ciel aussi, faisant place à des nuages, à des journées trop courtes et à une « lumière au bout du tunnel » qui tarde à se faire voir.

Malgré tout, on se dit qu’il y a pire que nous. « Pas le droit de me plaindre : j’ai un toit au-dessus de ma tête, un emploi, un espace pour aller jouer dehors et des passe-temps pour m’occuper. Ça devrait être suffisant pour moi. »

Et si ça ne l’était pas? Si, parfois, on se sent dépassé, déprimé ou désespéré par les événements? Ça serait de l’ingratitude, de l’apitoiement?

Je ne le crois pas.

Évidemment, des membres de nos communautés vivent plus lourdement les conséquences de la pandémie. Et ils sont nombreux.

Ceci étant dit, tout le monde, sans exception, est affecté par la situation. Et peu importe l’impact, grand ou petit, de la pandémie sur notre situation personnelle, on a le droit d’être fatigué, triste ou abattu.

Si c’est le cas, ne devrait-on pas s’écouter, se laisser vivre ces moments difficiles plutôt que les ignorer? Ne devrait-on pas s’occuper de soi, s’accorder des répits?

Être indulgent envers soi-même.

Et puisque nous ne sommes pas des îles, puisque nous sommes interdépendants, prendre soin de soi, ça passe également par prendre soin des autres.

Parler à une personne précieuse à nos yeux. Lui dire qu’elle nous manque. Bâtir un projet avec elle, malgré la distance, malgré les incertitudes. Se remémorer notre passé commun. Et rêver l’avenir.

Être à l’écoute.

En cette 31e Semaine de prévention du suicide, je nous invite à nourrir le contact, avec soi et avec les autres.

Prendre contact avec soi. Prendre du temps pour soi. Se demander comment on va vraiment. Prendre le temps de s’écouter.

Et bien sûr, prendre contact avec quelqu’un qui nous est cher. Prendre le temps de lui demander comment il va. Prendre le temps de l’écouter.

Et lui dire :

« Je suis parce que nous sommes.

Je suis par ce que nous sommes. »

Prendre soin les uns des autres.

Être en communauté.

 

*Bruno Marchand a été directeur général de l’Association québécoise de prévention du suicide pendant six ans, de 2008 à 2014.

Également à lire : Comment la pandémie affecte la réalité des jeunes, des femmes, des personnes handicapées et de celles itinérantes